Maltraitance pour quelques minutes…

maltraitance pour quelques minutes

Maltraitance pour quelques minutes…

Maltraitance pour quelques minutes… 987 395 IRASF - Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes

Le groupe Tais toi et pousse est un espace de parole pour les victimes de violences obstétricales et gynécologiques en Polynésie Française. Son administratrice a posté un témoignage révélateur… Nous la remercions d’avoir accepté sa diffusion sur notre page.

Témoignage de soignant

“ Durant mes études, je suivais une gynéco d’une cinquantaine d’années durant un stage. Je la suivais en consultation, au bloc, en salle de naissance. C’était quelqu’un de bien, et un bon praticien.

Tous les matins, il y avait un staff qui réunissait tout les médecins, les internes et l’équipe de nuit qui venait présenter les dossiers des patientes de la nuit. Cette nuit là une patiente, Mme X que suivait cette gynéco avait accouché, une primipare. La jeune chef de clinique de garde avait été appelée pour une extraction instrumentale.

La gynéco prend le tracé du rythme cardiaque du bébé, lit le dossier et fronce les sourcils. Elle demande à la SF pourquoi elle a appelé pour une extraction. La SF répond que la patiente fatiguait et que le bébé ne s’engageait pas…

Le staff se finit. Nous allons avec la gynéco voir la patiente. Mme X est seule dans sa chambre et semble désemparée avec un bébé qui n’arrête pas de pleurer. Elle peut difficilement bouger avec la large épisio qu’a nécessité la pose de forceps.

La gynéco au détour de la conversation lui parle de cette histoire de fatigue lors de la naissance. La patiente semble stupéfaite. Elle répond que non, elle n’a jamais dit être fatiguée, qu’elle a eu le droit de pousser 2 fois puis la SF lui a ordonné d’arrêter de pousser et à dit qu’elle appelait le gynéco de garde.

La patiente a obéit ne sachant pas que cela signifiait que la naissance allait finir en extraction.

Nous sommes sortis, la gynéco était furax, je ne comprenais pas pourquoi. Elle finit par me dire que l’extraction n’était pas nécessaire, qu’il aurait juste fallut attendre. Je ne comprends pas, je lui demande pourquoi la SF a fait ça, elle me répond que cette nuit là il y a eu plusieurs extractions et que bizarrement les intervalles entre les naissances étaient presque équivalentes. Je comprends que la SF a organisé son temps. Mais je persiste, je demande pourquoi la chef de clinique l’a fait si ce n’était pas nécessaire. La gynéco me répond qu’il s’agissait d’une vieille sage femme expérimentée qui appelait une jeune chef de clinique à 4h du matin. C’était difficile de remettre en cause son jugement… De mon point de vu alors, je me suis dit : »bon un forceps de plus c’est pas forcément un drame… »

Quelques semaines plus tard, nous revoyons la patiente à la demande de la SF libérale qui la suit pour l’épisio. La patiente ne se plaint pas mais elle ne peut toujours pas s’asseoir, nous apprenons qu’on lui avait refusé des antalgiques de palier 2 après le 2eme jour de maternité car cela ne faisait plus partie des protocoles. Mme X n’a pas voulu déranger sa gynéco, mais à la visite pour peser son bébé, elle en a parlé à sa SF libérale qui lui a proposé de regarder.

Là, lâchage de suture sur hématome…

En consultation la patiente, nous parle de la clavicule de son bébé qui lui semble bizarre. En fait, il s’agit d’une fracture sur l’extraction au forceps. Non vu par le pédiatre à la mater. Ce qui expliquait beaucoup que le bébé pleure au moindre mouvement. J’ai changé de poste dans les semaines qui ont suivis. Puis j’ai recroisé la gynéco au secrétariat. En me voyant, elle me dit « tu te rappelles Mme X ? Je viens de la revoir 6 mois plus tard. Elle n’a plus de sensibilité vésicale et une Incontinence Urinaire.  »

Là, j’ai fini par comprendre. Une extraction inutile à ce stade qui a occasionnée une épisio compliquée, une facture de clavicule au bébé et des séquelle Urinaires définitives pour la maman… ”

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Nous rappelons qu’en France, la grande majorité des accouchements sont pris en charge par des sages-femmes.
Les violences obstétricales sont perpétrées par des équipes de soignants qui vont agir ensemble et/ou individuellement :

  • Gynécologues obstétriciens
  • Sages-femmes
  • Anesthésistes
  • Puéricultrices
  • Auxiliaires de puériculture
  • Aides-soignant.e.s
  • Agents de service
  • Infirmièr.e.s
  • Agents administratifs