Je lui dis que j’ai extrêmement mal, elle me dit de la fermer

Je lui dis que j’ai extrêmement mal, elle me dit de la fermer

Je lui dis que j’ai extrêmement mal, elle me dit de la fermer 1200 630 IRASF - Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes

TÉMOIGNAGE ANONYME #ViolencesObstétricales
Date des faits : 24 septembre 2016 – Hôpital Jeanne de Flandres CHR de Lille – Profession : sans

 

J’ai 36 ans, c’est mon premier bébé je suis atteinte de RCH et je suis Bipolaire et je fais du diabète gestationnel. Les 3 derniers mois je vais à l’hôpital au minimum 2 fois par semaine plus des hospitalisations.

Le jeudi 22 septembre, rendez-vous à Jeanne De Flandres à Lille pour voir ma gynécologue. Le couperet tombe : On me déclenchera l’accouchement demain, vendredi à 16h par la méthode du ballon, car bébé ne grossit plus. Aucune explication sur ce qu’est réellement le ballon…

Jeudi 22 septembre tard dans la nuit je perds les eaux.
Direction la maternité, on me dit que ça va être long mais qu’on va quand même mettre le ballon alors qu’avec le recule j’étais déjà en plein travail… La sage-femme m’installe le fameux ballon et me dit que ça va aller.
Les contractions s’intensifie, toutes les minutes avec une douleur atroce cela a duré toute la journée et une partie de la nuit du vendredi 23 septembre.  La douleur qui, depuis de très nombreuses heures, était devenu insupportable (et pourtant avec la RCH la douleur je connais), je demande à ce qu’on me retire le ballon.

Les sages-femmes ne sont pas trop pour car normalement il doit descendre tout seul quand le col est à maturité.  J’insiste lourdement, on me m’enlève le ballon et là on découvre que le col est suffisamment ouvert et que le ballon était resté collé à la paroi….  Je n’ai reçu aucunes excuses.

On me descend en salle d’accouchement où un sage-femme désagréable m’installe mais ne m’informe de rien et me dit que comme c’est un premier ça va être long il est minuit environ.

L’infirmière anesthésiste arrive pour me poser la péridurale, je suis très étonnée car sur mon dossier il était spécifié un médecin anesthésiste senior car j’avais des antécédents graves suite à une ponction lombaire.  Ce docteur n’est pas là mais voilà 20h que j’ai mal, tant pis je prends l’infirmière qui a bien réussi sa mission, de l’ensemble des personnes que j’ai vu c’était elle la plus humaine.
La péridurale fait effet mais s’arrête dans le bas du vendre donc impossible de se reposer, mais j’ai quand même moins mal.

Je suis allongée, branchée de partout, je stresse, j’ai peur.

4h45 c’est le top départ, on m’installe pour l’accouchement. Je pousse, pousse plusieurs fois il y a 2 sage-femmes avec moi, le bébé trop petit remonte à chaque fois, il s’épuise et moi aussi. La sage-femme décide d’appeler l’interne de garde… 35 minutes de passées.

Celle-ci arrive dans la salle sans dire bonjour et en râlant car elle n’a pas eu le temps d’aller aux WC car on vient de la réveiller.  Son prof passe, regarde vite fait et demande à l’interne de choisir entre ventouse et forceps. Il part. Elle choisit les forceps sans me demander mon avis ou même me parler. Elle commence à les installer tire encore et encore sans rien me dire, la douleur est insoutenable, je lui dis que j’ai extrêmement mal elle ne me répond pas, je le répète encore elle me dit de la fermer.

Le prof revient et lui dit « ça serait mieux avec des écarteurs » … elle s’exécute, y va comme un si j’étais une dinde morte, ne me dit toujours pas ce qu’elle fait, je lui dis que j’ai très mal elle me répond en me gueulant dessus « concentrez-vous sur votre bébé », à aucun moment elle ne m’explique ce qu’elle est en train de me faire.

À ce moment-là beaucoup de personnes entrent dans la salle, le bébé se fatigue beaucoup, je suis morte de peur, j’ai tellement mal que je vais tomber dans les vapes… Je dis « j’arrête j’ai trop mal » elle me traite de chochotte, les sages femmes me disent c’est bientôt la fin.

Je ne sais toujours pas ce qu’on est en train de me faire, à part me hurler dessus personne ne me dit rien, personne ne demande mon consentement.

Mon bébé sort enfin, il est 5h34, il va bien, mais est couvert de bleu sur la tête et de sang dû à des blessures. Mais le calvaire ne s’arrête pas là, une personne arrive avec une grosse seringue remplis d’un liquide blanc, au moment où elle allait me l’injecter je lui demande ce que c’est ! J’ai quand même le droit de savoir ce qu’on me met dans les veines ! « C’est pour sortir le placenta » je n’ai toujours pas le nom du produit, on ne me demande pas mon avis.

Pendant ce temps-là ma bouchère d’interne trifouille, encore et encore sans rien me dire. Je demande ce qu’elle est en train me faire, aucune réponse, je suppose qu’elle me recoud et à vif. Le lendemain j’ai su par une infirmière que c’était la déchirure plus le vagin (je l’ai su qu’après elle m’a fait le point du mari…) sans rien me dire de ce qu’elle faisait, sans jamais me demander mon avis.

Je lui fais remarquer  que j’en peux plus (au bout de 25h…) que j’ai très mal, elle me répond froidement et d’un ton agressif « ohh ça va ! Concentrez- vous sur votre bébé » !! Son prof arrive et je l’informe que j’ai mal il prend un spray en met plusieurs pression sur la « zone », ce qui me soulagera et lui de dire « c’est dommage c’est la fin »… Moi j’ai pas trouvé ça drôle…  à aucun moment on ne m’explique ce qu’on fait sur mon corps, je suis un bout de viande qu’on viole.

Cette interne est repartie sans un mot, sans se présenter.
Cette femme m’a gâchée mon accouchement et à ruiner ma santé.

Déplacement du sacrum, des douleurs terribles, déchirure anale, peau ultra fine entre l’anus et le vagin donc complique pour les examens et beaucoup de douleurs.

Osthéo + kiné depuis l’accouchement et les douleurs sont toujours là. Impossible d’avoir des relations intimes avec mon conjoint à cause du point du mari.

Pour mon fils, ostéo depuis son 3e jour de vie avec des  problèmes au cerveau et aux hanches…

J’ai fait 2 courriers de réclamations sans aucune suite

J’ai demandé mon dossier médical à Jeanne de Flandres, que j’ai reçu, nulle part il est indiqué le nom de ma bouchère, aucuns détails sur l’accouchement et ses suites… Il n’est même pas indiqué les forceps.

Je suis traumatisée depuis, extrêmement en colère d’avoir gâché ce merveilleux moment, elle me l’a volée.

Et on ne peut pas en parler… c’est tabou car je devrais me contenter que mon fils soit en bonne santé (et j’en suis très heureuse bien évidement).

En 2018 opération viscérale, car depuis l’accouchement et suite aux actes mal faits et odieux de cette interne j’avais une fissure anale (ironique pour quelqu’un qui va 10 fois aux WC par jour avec une RCH) 2 ans de souffrance et une opération avec de très nombreux risques à cause de cet accouchement.

Nous sommes en 2019 et depuis on parle de violences obstétricale, je l’ai découvert et c’est exactement mon cas.
Le CHR de Lille. n’a rien fait du tout. Et quand j’en parle là bas on me dit que ça n’étonne personne et que c’est « habituel ». Je ne savais pas qu’on pouvait écrire à l’ordre des médecins.

Merci d’exister.