Le gynéco me dit que c’est dans ma tête, que même la bible le dit « tu accoucheras dans la douleur »

Le gynéco me dit que c’est dans ma tête, que même la bible le dit « tu accoucheras dans la douleur »

Le gynéco me dit que c’est dans ma tête, que même la bible le dit « tu accoucheras dans la douleur » 1200 630 IRASF - Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes

TÉMOIGNAGE ANONYME #ViolencesObstétricales
Date des faits : 14 juillet 2014 – Nantes – Profession : mère au foyer

 

Je vais vous expliquer mon accouchement. Je ne me souviens pas de tout exactement mais ma mère m’a aidé à combler certain détail vu qu’elle m’a accompagnée sur toute cette horreur.

J’arrive le 13 juillet à 10h pour le rdv du jour de l’accouchement prévu. Là, la gynécologue me parle pour la première fois de cholestase gravidique et me dit que cela peut ce produire lors du 3e trimestre de la grossesse et que certains symptômes sont des démangeaisons qui commencent sur les pieds, les mains et peuvent s’étaler sur les autres parties du corps. Ma peau étant très sèche naturellement et n’arrivant plus à atteindre mes mollets et mes pieds dû à mon ventre, je ne peux plus mettre ma crème hydratante, du coup je lui dit que oui ça me gratte mais que c’est sûrement dû à ma peau extrêmement sèche vu que ça me le faisait déjà avant ma grossesse et même pendant les premier mois. Sur ce elle me dit : « on va vous déclencher, vu que vous êtes déjà à la date du terme, on ne va pas prendre de risque ».

Donc on m’installe dans un chambre dans le service des grossesses à risques (aucune idée de pourquoi dans ce service, même 5 ans après) et on me dit de patienter, qu’on va venir me mettre un tampon déclencheur bientôt. À ce moment là il est 10h30, je patiente encore et encore… midi arrive, toujours personne… ma mère va voir les infirmières pour savoir si il est possible d’avoir à manger parce que mon dernier repas était la veille à 19h, les infirmières lui répondent que non, au cas où on devrait m’emmener en salle pour une césarienne d’urgence et que je dois juste patienter d’avoir le tampon.

Du coup on patiente encore et encore… 16h, une infirmière arrive, me dit de m’allonger, qu’elle va me mettre le tampon et que je devrais bientôt ressentir des contractions légère, sauf que le temps passe… 17h rien, 18h pareil, à 19h une sage femme arrive, elle ne se présente pas, m’explique qu’elle ne sait pas pourquoi mais le premier tampon n’a pas marché puis elle me dit de m’allonger, m’en renfonce un autre sans me prévenir de quoi que ce soit par rapport à ce que ces tampons font sur mon bébé ou sur moi et sans même me demander mon avis.

Le temps s’écoule et vers 19h30 première contraction de ma vie, je m’attendais à de légères douleurs vu ce que m’avait dit l’infirmière de 16h et comment ma mère m’expliquait avec son vécu et ses 7 grossesses. Sauf que lors de cette première contraction j’ai eu tellement mal que j’en suis tomber à genoux, j’avais l’impression qu’on me plantait des couteaux dans le bas ventre et j’en ai vomi.
À partir de là, c’est légèrement flou pour moi et ce, jusqu’à plus de 14h, le lendemain. Ma mère a appelé une infirmière sauf que personne n’est venu, du coup elle s’est rendu à leur bureau, moi toujours dans la chambre, à ce que je pensais gémir de douleur, alors que pour ma mère et les autres patientes je criais et ça s’entendait du bureau ou les infirmières étaient.

Un quart d’heure plus tard quelqu’un vient enfin et m’explique que les douleurs que je ressens sont la combinaison des deux tampons et qu’il faut m’emmener plus près des salles d’accouchement car ça risque d’être rapide. On m’installe sur une chaise roulante, je vomis lorsque je passe de ma position accroupi à celle assise, on rassure ma mère et on lui dit que c’est normal. On m’installe dans une salle de travail et on me dit de patienter qu’une sage femme viendra voir à combien je suis dilaté. On patiente, je vomis, j’ai la tête qui tourne au moindre mouvement, ma mère qui sait que ce n’est pas normal appelle de nouveau quelqu’un, personne ne répond. 21h quelqu’un vient enfin, me dit de m’allonger, m’enfonce ses doigt pour voir à combien j’en suis puis me dit « 2 cm c’est pas beaucoup, on va devoir remettre un tampon pour que ça avance plus vite ». Ma mère qui est avec moi et qui me voit souffrir comme une malade à cause des deux premiers, refuse pour moi. La sage femme lui dit que le bébé risque d’avoir des problèmes si ça n’avance pas plus vite mais ma mère refuse en disant que je suis pas un animal et que si il continu dans cette voie là ,elle portera plainte contre le personnel de cet hôpital, la sage femme repart énervée. On continue de patienter, plus personne ne vient dans ma salle.

Vers 4h du matin une étudiante sage femme vient, ne se présente pas, s’excuse du comportement de sa supérieure, m’explique certaines choses et, le plus important, me demande si elle peut regarder à combien je suis dilatée. Ma mère, les larmes au yeux, la remercie d’être si humaine et je lui dis que oui, elle peut. J’en suis à 6 et demi, elle appelle une autre sage femme qui confirme, me sourit et me dit qu’on va pouvoir aller en salle d’accouchement. Une fois là bas, on me demande si je veux la péridurale, ce que j’accepte. 1/4 d’heure plus tard un anesthésiste et un étudiant arrivent, l’anesthésiste, après s’être présenté me demande si son étudiant peux faire la péridurale, je lui dis que oui mais que quand je fais le dos rond avec la tête dans la poitrine j’ai énormément de mal à respirer en plus des contractions qui font de plus en plus mal. Ils font sortir ma mère, la gentille étudiante m’aide à me placer doucement et continue de me tenir les mains quand l’étudiant anesthésiste me pique 5 fois mais il n’y arrive pas.

Donc il est 4h30 je suis pratiquement en apnée depuis quelque minutes, mes contractions me donnent toujours envie de vomir et maintenant, le bas de mon dos me fait mal à cause des nombreuses piqûres loupées. Sauf que la j’en peux vraiment plus, je pleure en silence, je fais un signe pour qu’il stoppe et me remet droite. Je m’excuse auprès de lui mais fini par demander à l’anesthésiste qu’il le fasse à sa place car j’ai trop mal. Il le fait du premier coup, réussite total me voilà rassurée. Ils font rentrer ma mère et sortent, nous laissant de nouveau seules.

Ma mère et moi attendons. Il est maintenant 7h30 personne, n’est venu depuis que l’anesthésiste est parti, sauf que je ne sens plus mes jambes et mon cœur se met à battre beaucoup trop vite, je suis essoufflée comme si j’avais couru. Ma mère appuie sur le bouton pour appeler quelqu’un rapidement et la quelqu’un vient, m’ausculte et me dit que j’en suis à 9 et demi, le tout toujours sans se présenter et sans rien me demander. Je lui demande si je vais accoucher tout de suite elle me répond « non, on va faire la relève et ce sera l’autre équipe qui vous accouchera ».

Donc elle place mes jambes sur les étriers, vu que je ne les sens et ne les contrôle plus, et s’en va. On patiente, je dis à ma mère que j’ai envie de pousser et que je sais que me fille arrive. Je suis maintenant les 4 fers en l’air depuis une bonne demi heure, elle appuie sur le bouton d’appel, un « sage homme » de la nouvelle équipe vient m’ausculter et me dit qu’il peut sentir les cheveux du bébé. Il appelle l’équipe, ils se mettent en place et il me dit de pousser. J’y arrive une fois hyper bien d’après ses mots et il me dit « plus que deux poussées et votre bébé sera avec vous« . J’essaye de pousser une deuxième fois mais je n’y arrive pas.

À partir de là, je n’ai plus aucun souvenir jusqu’à mon réveil vers 14h, du coup c’est ma mère qui m’a raconté. Le « sage homme » qui était très gentil au départ me dit qu’il va appeler le gynécologue et qu’on devra utiliser des forceps ce que je refuse catégoriquement, alors il me dit « on va quand même appeler le gynécologue mais vous devez pousser de toutes vos forces » . Une de ses collègues appelle le gynéco qui arrive en un temps record et prend la place du « sage homme ». Je recommence à sentir les douleurs, la péridurale ne fait plus effet…

Du coup je leur dis que j’ai mal, le gynéco me dit que c’est dans ma tête, que même la bible le dit « tu accoucheras dans la douleur », que cela ne doit pas faire si mal vu que des millions de femmes passent par ça tous les jours et que je dois pousser ou ils devront me couper. Je regarde ma mère, horrifiée et je dis que je veux pas qu’on me coupe alors que je sens tout ce qu’on me fait. Je me mets à hyperventiler et j’essaie de pousser avec les forces qu’il me reste, mais d’un coup sans qu’on me prévienne, ni quoi que ce soit, je sens une douleur horrible et je hurle (là ils ont remarqué que je sentais vraiment ce qu’on me faisait), le gynécologue m’avait fait une épisiotomie sans me prévenir. J’ai poussé en pleurant deux fois de plus et ils ont sorti ma fille. J’ai hurlé à ma mère de suivre ma fille quoi qu’il arrive vu comment ils nous avaient traité avant, j’avais peur.

Le gynécologue a sortie en toute tranquillité « encore un accouchement bien réussie ». Ma mère s’est retournée, choquée. Moi je me sentais de plus en plus mal alors j’ai essayé de me faire comprendre, j’ai réussi avec l’aide d’une des femme de l’équipe à dire que je n’étais pas bien et, alors que le gynécologue travaillait pour retirer le placenta, il a remarqué que je faisais une « micro-hémorragie » et que mon placenta était en plusieurs morceaux. Du coup il a enfoncé sa main entière pour retirer tous les bouts restants, puis il a laissé sa place au « sage homme » qui m’a recousu. J’ai eu 12 points et le « sage homme » m’a dit « je l’ai un peu plus refermé, c’est comme si il était neuf, c’est votre compagnon qui va être content » . Je n’ai rien dit, je n’avais plus de force physiquement mais surtout mentalement. J’étais épuisée, mais ma mère lui a rétorqué que j’étais célibataire.

Après 1/2 heure sans savoir si ma fille allait bien, ils sont revenus et on a alors posé ma fille sur moi pour ce qu’ils appellent « la tétée de bienvenue ». Une femme à pris mon sein la placé près de la bouche de ma fille mais aucune de nous deux n’y arrivai, j’ai alors dit que je voulais me reposer. On m’a replacé dans une minuscule salle de travail avec 3 autre femmes qui avaient accouché cette nuit : « vous comprenez on manque encore de place en chambre ». Ma mère est resté avec moi et ma fille et je me suis endormi pendant que ma mère donnait le premier biberon de ma fille. Elle m’a dit que pendant que je dormais je suppliais et pleurais dans mon sommeil.

Je me suis réveillée à 14h, j’ai enfin su (6h après mon accouchement et par ma mère) combien pesait et mesurait ma crevette et si elle allait parfaitement bien. J’ai autant souffert pour sortir un bébé qui ne faisait que 2kg754 et qui mesurait 47cm à j+1, mais qui était en pleine forme.

Ce qui devais être le plus beau jour de ma vie s’est transformé en cauchemar à cause d’une équipe qui n’écoutais pas les besoins de la mère.
5 ans plus tard, cet accouchement reste un traumatisme et plus personne, à part ma famille et mon médecin que je connais depuis l’enfance, ne peut me toucher.