Violences obstétricales : « On est comme un objet, ce n’est plus notre corps, ni nos décisions »

Mercredi 4 octobre 2017, c’est avec ce titre que BFMTV aborde le sujet des violences obstétricales. Ania, membre de notre groupe Stop à l’Impunité des Violences Obstétricales est sollicitée pour témoigner.

A chaque fois qu’elles rentrent pour me replacer le monito elles font peur au papa en lui disant qu’on entendra pas le rythme du bébé ralentir par ma faute, mon compagnon me met la pression, je dois gérer son angoisse la mienne je finis par craquer pour la péri.

L’anesthésiste entre, elle râle parce que elle était sensée être en week-end.
Elle me pose vite fait la péri alors que j’ai une contraction je hurle – « Bah oui accoucher ça fait mal! ».
Je me retrouve allongée sur mon lit, a plus rien ressentir, ne plus être actrice de mon accouchement comme J’aurai voulu.

Les heures passent, le travail ralentit énormément, d’un coup je sens des fourmis dans tous mon corps, j’ai peur, je me mets a hurler qu’il y a un souci, on me dit non de me calmer.
Je hurle à mon compagnon de m’aider, d’insister qu’il y a un souci avec la péridurale.
Il lâche pas les sages femmes tant qu’un nouvel anesthésiste franchi pas la porte de la salle.
L’anesthésiste me dit que en effet l’autre avait mis le mauvais cathéter, le produit est passé trop vite, il change le cathéter.
On me dit que dans deux heures max il faudra que je pousse.
Je sens rien je suis en larmes.
2h après une équipe de 5 personnes arrivent, j’en connais qu’une.
Personne se présente « on va s’installer madame » je sens rien je ne sais pas comment je vais faire.

On me dit quand pousser, je n’y arrive pas alors on me hurle dessus « enfin poussez correctement c’est n’importe quoi! ». Entre deux contractions on me parle des prénoms choisis ils sont d’avis qu’ils n aiment pas.

Au bout de 30 min de poussée on me menace d’appeler le gynéco (j’ai précisé très clairement à plusieurs reprises refuser l’épisiotomie)
Il finit par arriver, on me dit qu’il va utiliser la ventouse je demande, inquiète, si je vais avoir une épisiotomie « Non non vous en faites pas ».
Dix minutes après ma puce est la, on l’amène directement pour aspirer ses glaires
Je vois le gynécologue qui reste entre mes jambes qui trafique un truc je demande si j’ai eu une déchirure. Il se moque de moi en disant « Non on vous a fait une épisiotomie sans vous dire, c’est obligé avec la ventouse »(1).

Heureusement ma fille arrive je passe à autre chose.
On me refuse la tétée d’accueil car il n’y a personne pour m’aider.
On finit par me transférer en chambre une sage femme me prend ma fille des bras et l’emporte pour la montrer à ses collègues sans rien me demander.

Je ne fais que pleurer.
Un mois après lors de la rééducation la sage femme m’apprend qu’on m’a fait le point du mari. Je n’ai plus revu de gynécologues ou sage femme depuis, traumatisée.

(1) Concernant l’épisiotomie lors d’une extraction instrumentale, voici ce que dit les recommandations du CNGOF :
“La pratique systématique de l’épisiotomie ne se justifie pas en cas d’extraction instrumentale (Grade B). Le taux de lésions périnéales sévères est augmenté lorsque l’extraction instrumentale est associée à l’épisiotomie (Grade B) mais le lien de cause à effet entre l’épisiotomie et les lésions périnéales sévères n’est pas établi. L’extraction par ventouse nécessite moins d’épisiotomies, et expose moins aux lésions périnéales sévères que le forceps (Grade A).”